La Forêt, lieu sacré

ien sûr, toutes les forêts ne peuvent pas être considérées comme telles, mais j’en connais qui méritent pleinement la dénomination de lieu sacré. Il suffit de quelques pas à l’intérieur, de lever les yeux vers les cimes des arbres et, immédiatement, on sent le contact avec cette énergie qui ouvre le cœur et qui nous appelle vers ce qui nous dépasse.

Mais, à notre époque où nous sommes tous plus ou moins habitants des villes, comment entrer dans une forêt sans emmener avec soi sa bulle de citadin ? Comment être en prise directe avec cette énergie qui est toujours là, généreusement disponible pour qui s’y est ouvert ?

C’est en pensant à certaines grandes églises dignes de ce nom que, pour moi, j’ai répondu à cette question.

En entrant dans ces églises, je suis arrêté net. Immobile, je suis obligé de changer de mode, de lâcher toutes ces pensées qui m’accaparaient. Le silence se fait intérieurement et c’est dans un état nouveau d’humilité que je peux continuer ma progression.

Cette façon de faire est pleinement transposable dans certaines des plus belles forêts : je m’arrête à l’entrée, au seuil des premiers piliers de la futaie, attentif à cette présence qui la remplit. Je peux même demander l’autorisation d’y entrer. Si je sens en réponse une atmosphère de bienveillance ou que l’enceinte sacrée s’élargit, m’incluant maintenant dans son espace, alors je peux faire le pas suivant avec un nouveau sentiment d’humilité et de gratitude. Pleinement accepté, je peux y rester le temps nécessaire à une nouvelle expérience.

Car, comme pour les églises, la forêt n’est pas un lieu où je m’y sens comme chez moi. J’y suis toujours « en visite ». L’étude géobiologique des églises anciennes montrent bien que ce ne sont pas des lieux prévus pour y séjourner, pour s’y sentir chez soi, à l’aise. Ce doit être un lieu qui dérange aussi, qui nous sorte de notre état ordinaire. De même, la forêt éveille en moi une impression de grandeur qui impose le respect et m’empêche de m’y comporter comme chez moi, avec tout le laisser-aller, la négligence que je répands malgré moi dans mon espace de vie.

C’est pour cela que, pour moi, la forêt est un de ces lieux où je peux nourrir ce besoin de contact spirituel qui m’accompagne. Et je suis très reconnaissant de cette possibilité d’une expérience directe qui m’est offerte à côté de chez moi. Pour se manifester, elle ne me demande qu’un peu d’ouverture.

Bénis soit donc la forêt et tous les êtres qui participent à sa grandeur et sa beauté.

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